Aristote (384–322): biologiste de la réproduction avant la lettre
A r i s t o t e (
N~ en Chalcidique, Grace, en 384 av. J.-C. ; mort Chalcis, en 322 av. J.-C. Philosophe athenien. Ses contributions les plus valables sont en anatomie, zoologie et biologie. Par ses recherches et ses ~crits en mati~re de biologie de la reproduction, Aristote a dnormdment contribud a la fondation et au d~veloppement de cette discipline et peut ~tre considdr~, a juste titre, comme un biologiste de la reproduction d'avant-garde.
Mots clds; Aristote; precurseur; biologie de la reproduction
I. I N T R O D U C T I O N
II. G E N E R A L I T E S
Du fait qu'une grande partie de son oeuvre traite de la
gEnEration, Aristote est consid~rE '~ juste titre comme le
premier "biologiste de la reproduction". II a avancE une
thEorie selon [aquelle la femme tient une place tout ~ fait
mineure dans la conception. Pour Aristote, l'embryon est
formE par la seule semence de l'homme qui agit sur une
matibre constituEe par les menstrues de la femme. Aristote
rEcuse complbtement la thEorie d'Hippocrate qui fait
intervenir la semence feminine darts la conception. Le
male, selon Aristote, apporte par son sperme le principe
efficient, le facteur de mouvement, tandis que la femme
n'apporte que la mati~re utile h former l'embryon. Cette
action suppose entre les deux sexes une certaine
proportion, une harmonie, sinon leur union reste infEconde.
Aristote indique les caractEres gEnEraux qui distinguent le
male de la femelle : le premier possbde des testicules, la
seconde un uterus. II examine en detail l'organisation du
sexe masculin, ll dEcrit ensuite les parties sexuelles des
femelles. L'organe essentiel est l'utErus qui se trouve
l'intfirieur du corps. Au contraire les testicules sont '3
l'extErieur et en liaison avec les canaux spermatiques.
L'Etude du sperme est de beaucoup la plus longue darts les
6crits d'Aristote qui examine lc mEcanisme de la
conception et precise le rEle respectif de chacun des sexes.
Aristote expose et refute longuement les arguments prEsentEs
par les tenants du "panspermatisme" qui affirment que la
semence est produite par toutes les parties du corps. Pour
Aristote, le sperme ne peut venir de tout le corps. II
deftDr Georges A n d r o u t s o s : 1 rue Ipeirou, 10433 Athenes.
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nit, aussi, avec nettet~ ce que l'on entend par sperme et par
semence. Le sperme est une matii~re r6siduelle utile, qui
provient de la nourriture 7t son dernier degr6 d'6laboration.
Aristote indique quelle est l'origine du sperme et parle des
menstrues. Celles-ci sont analogues au sperme. Le r61e des
femmes dans la g6n6ration est purement passif : elles
fournissent seulement la mati~re '~ laquelle le mille impose sa
forme. Chaque sexe a donc un r61e distinct et bien pr6cis.
Aristote 6tudie l'6mission du sperme, l'6coulement des
r~gles, les conditions dans lesquelles s'op~re la conception.
Aristote est le premier h affirmer que le d6veloppement de
l'embryon est progressif, d6butant '~ partir de substances
amorphes ce qui annonce la th~orie de l'6pig6n~se. Cette
th~se s'opposera violemment ?~la th~orie de la
pr61brmation, fond6e sur le d6veloppement de l'embryon r6sultant
de la simple croissance d'un ~tre d6j~t pr6sent mais
minuscule. Aristote 6tudie aussi le probl~me de la diff6renciation
des sexes.
I1 s'agit de savoir h quel moment et sous quelle influence
l'embryon devient mille ou fcmelle. Puisqu'il pensE que la
d6termination du sexe de l ' e m b r y o n est 6tablie dbs la
conception, le mille est doric l'~tre normal, parfaitement
r6ussi, tandis que la femme est une "sorte de monstruosit6
nficessaire au maintient de l'esp~ce".
Anaxagore pr6tendait que le testicule droit servait
"~produire des garqons et que le gauche produisait des filles. I1
n'en est rien pour AristotE puisque la semence provient du
sang et non des testicules. I1 6numbre aussi d'autres
facteurs susceptibles d'agir sur le sexe de l'enfant ?a venir,
l'ilge parental en particulier. Aristote rappelle quelle est la
fonction de chacun des sexes dans la f6condation et montre
comment les organes se forment en vue de ces fonctions,
suivant la puissance que poss~de le spermE du mille.
Aristote a 6voqu~ l'h6r6dit6 de l'acquis : selon cette
th6orie, les parents porteurs d'une anomalie peuvent la
transmettre h leurs enfants, mais en g6n~ral, les enfants de
parents mutilfis naissent avec tous leurs mEmbres,
"exceptionnellement on a vu la boiterie et la c6cit6 transmises,
mais d'ordinaire cette transmission n'a pas lieu". Aristote a
expliqu6 la ressemblance des enfants avec leurs parents, ll
commence par expliquer pourquoi le mille n'engendre pas,
ou n'engendre que trbs rarement, un ~tre qui lui ressemble
en tous points. La ressemblance avec la m~re ou avec tel
ou tel anc~tre, a des raisons profondes qui tiennent h
l'aptirude plus ou moins grande du sperme masculin '~ imposer
sa forme ~ la mati~re que fournit la femelle.
Th6oriquement le produit devrait ressembler au m'~le : s'il s'en
distingue, c'est que la p (...truncated)