Milices Maï-Maï, Dénonciation De L’impérialisme Et Politisation Des Masses Rurales Au Maniema (RDC)
European Scientific Journal June 2017 edition Vol.13
Milices Maï-Maï, Dénonciation De L'impérialisme Et Politisation Des Masses Rurales Au Maniema (RDC)
0 Université de Kisangani , RDC
Based on a documentary inquiry aimed at reconstructing the processes of denunciation of imperialism associated with the Congolese Rally for Democracy (RCD)'s war in the Democratic Republic of Congo (DRC), by the maï-maï militia of Maniema, the article examines under the lens of historical criticism (heuristic and hermeneutic) the politicoideological contents of the essential documents whose impact on the rural masses remains crucial: their over-politicization of the latter. The study shows how a political mobilization that initially targeted awareness-raising for the recruitment of new combatants among rural Congolese youths has reactivated the protesting reflex of the rural populations both towards the rebels and their Rwandan allies, and maï-maï combatants. The repeated abuses of the maï-maï militias have thus brought down the nationalist mask which their ideological propaganda maintained until then. The pervasive activism of youths and especially the emergence of radicalized groups confirm the thesis of political violence as an indicator of democratic deficiencies of a weakened state through processes of globalization badly assumed in the African Great Lakes area.
Democratization; imperialism; Maï-Maï militias; politicization; rural masses of Maniema
-
L’étude montre comment une mobilisation politique qui, au départ, ciblait la
sensibilisation aux fins de recrutement de nouveaux combattants parmi les
jeunes ruraux congolais, a réactivé le réflexe contestataire des populations
rurales à la fois vis-à-vis des rebelles et leurs alliés rwandais, et des
combattants maï-maï. Les abus répétés des milices maï-maï ont ainsi fait
tomber le masque nationaliste que leur propagande idéologique entretenait
jusque-là. L’activisme poussé des jeunes et surtout l’émergence des groupes
radicalisés confirment la thèse de la violence politique comme indicateur de
carences démocratiques d’un Etat affaibli par des processus de globalisation
mal assumés dans la région des Grands Lacs africains.
Mots-clés: Démocratisation, impérialisme, milices maï-maï, masses rurales
du Maniema, politisation
Introduction
« La masse de publications peu fiables et fort
médiatisées, déconnectées du contexte historique,
hypothèque l’écriture de l’histoire pour l’avenir,
tandis que, dans l’immédiat, le public se tourne vers
des écrits accessibles et conformes aux vues de son
groupe d’appartenance. » (J. Vansina)
La guerre déclenchée le 02 août 1998 par le mouvement
politicomilitaire dénommé ‘‘Rassemblement Congolais pour la Démocratie’’, RCD
en sigle, a bénéficié du soutien des alliés rwandais et ougandais dès ses
débuts. La capacité mobilisatrice de ce dernier s’est cependant révélée faible
malgré la collaboration de ces mêmes alliés qui avaient permis à l’Alliance
des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de prendre
le pouvoir à Kinshasa en 1997. Alors que les deux mouvements se
réclamaient du nationalisme en vue de la libération de la démocratie
confisquée sous le régime de Mobutu, force est de constater que la guerre
menée par le RCD contre le régime de Laurent-Désiré Kabila a été jugée
inopportune par rapport à celle conduite par l’AFDL
(N’Sanda, 2001,
2003a)
.
Le partage des territoires occupés dits « libérés » entre les forces
rwandaises et ougandaises, a donné lieu à l’identification de deux principales
zones d’influence. Le Maniema, entre autres provinces de l’Est, revenait
ainsi au Rwanda. Ce dernier constituera la cible en fonction de laquelle les
milices maï-maï11 se comporteront idéologiquement pendant la résistance
contre le RCD.
11 Le terme “maï-maï” est bien élucidé dans les pages prochaines.
L’analyse livrée dans cet article s’inscrit dans la perspective des
études relatives à l’impact de la privatisation de la violence, cristallisée
depuis la transition militariste, sur la politisation des masses rurales par
l’élite guerrière issue des milices maï-maï. La question des milices maï-maï
abordée ici est consécutive à des réflexions antérieures sur les guerres de
libération et leurs effets politico-idéologiques collatéraux. Ces dernières sont
riches de leçons en rapport à la fois avec les processus de démocratisation et
la persistance des pratiques autoritaires en Afrique
(De Villers, 2016)
.
Tout en s’attribuant une part de rationalité autonome et de légitimité
de fait, chaque catégorie d’acteurs présents sur la scène de violences
politiques en RDC, affirme sa prééminence de mieux servir le peuple. Pour
ce faire, celui-ci est invité à apporter son soutien qui devrait permettre aux
acteurs dominants d’atteindre les objectifs d’intérêt général déclarés,
notamment garantir la sécurité de tous contre toutes les menaces d’où
qu’elles viennent, la justice, l’ordre, la liberté, l’égalité des droits et des
obligations, sans oubli (...truncated)