Hommage au Professeur G. De Mello et à l’ami Gilbert
Med Buccale Chir Buccale
Hommage au Professeur G. De Mello et à l'ami Gilbert
Tu étais un noble épicurien mais aussi un homme de devoir et de conviction qui a toujours oeuvré pour la promotion de la Médecine bucco-dentaire et plus particulièrement celle de la Chirurgie buccale, sans jamais oublier celle de la Médecine buccale. Tu as exercé de nombreuses responsabilités :
-
– PU-PH depuis 1998, Chef du Service de Chirurgie et de
Pathologie buccales et Adjoint au chef de pôle au CHU de
Rennes ;
– Doyen de l’UFR d’Odontologie de Rennes depuis 2008 ;
– Membre du CNU ;
– Expert près du Conseil scientifique de l’Internat ;
– Président de la Société Francophone de Médecine
buccale et Chirurgie buccale (2000-2004) ; pendant tes deux
mandats, tu as pris des initiatives (rédaction de
Recommandations, développement de la revue Médecine buccale
Chirurgie buccale. . .) qui ont donné un nouvel élan à la
SFMBCB ;
– Membre du Comité de rédaction de la revue Médecine
buccale Chirurgie buccale depuis le 1er numéro paru en
septembre 1995 jusqu’au 4ème numéro de l’année 2009 ;
– Trésorier de la CID-CDF (Conférence internationale des
doyens et des facultés de Chirurgie dentaire d’expression
totalement ou partiellement francophone).
Tu as permis à de nombreux confrères d’obtenir le DESCB et
d’acquérir une solide formation qui fait de la Bretagne
probablement la région de France où il y a le plus de praticiens
libéraux exclusifs en Chirurgie buccale. Pour toi la
formation clinique devait être associée à une recherche clinique
constante afin d’améliorer sans cesse la prise en charge des
patients. Depuis quelques années, tu t’es surtout investi pour
faire évoluer l’approche des troubles de l’hémostase
(congénitaux ou acquis) en Médecine bucco-dentaire et tu as réussi
à ouvrir une brèche dans l’empirisme et l’archaïsme qui
prévalaient dans ce domaine (cf. tes articles « Étude
épidémiologique sur les extractions dentaires chez les patients sous AVK
en Ille-et-Vilaine » et « Étude du rapport coût/sécurité lors de
la prise en charge des patients sous antivitamines K en
chirurgie buccale », parus dans le n◦ 1/2009 de la revue Médecine
Buccale et Chirurgie Buccale). Dernièrement, toujours poussé
par ta curiosité instinctive et ta polyphagie intellectuelle, tu
as relevé un nouveau défi, en t’aventurant dans le domaine
de la recherche fondamentale (cf. ton article dans ce numéro
sur la « Mise au point d’un modèle tridimensionnel pour
l’évaluation des biosubstituts osseux in vitro »). Dans toutes tes
activités et dans toutes les actions que tu as mené, tu as fais
preuve d’un enthousiasme communicatif et d’une approche
rigoureuse mais toujours conviviale car tu étais, sans doute
comme Montesquieu, convaincu que « La gravité est le
bonheur des imbéciles ». Mais tu étais trop affable pour t’en tenir
à cette expression péremptoire, tu étais incontestablement
plus proche de Christophe, pour qui les « Les gens sérieux
ne sont jamais graves. . . et les gens graves ne sont jamais
sérieux ». En réalité, sous ton apparence de sybarite, se
cachait un adepte éclairé du stakhanovisme, considérant que
l’exemple donné constitue la meilleure base de l’émulation.
Tu avais l’apparence d’un être simple et tu avançais dans
la vie sans fard et sans détour. La générosité de ton abdomen
faisait suspecter un féroce appétit mais, en réalité, tu étais
un gourmet averti et non un vil gourmand. Tu aimais partager
le plaisir de la table dans une sorte de communion païenne
et faire découvrir ce que tu appréciais. Tu avais toujours un
mot pour nous éclairer sur la charcuterie, les fruits de mer,
la viande, les abats, les champignons, les fromages y compris
les meilleurs fromages anglais. . . et, sur le vin, tu étais
intarissable. Certes tu aimais déguster des grands crus mais il y a
bien longtemps que tu avais saisi que ce n’est pas la qualité
qui détermine le prix. Aucune carte des vins n’avait de secret
pour toi et tu avais l’art de dénicher un bon produit à un prix
raisonnable, tout en nous faisant participer à ta démarche
diagnostique. Tu accompagnais toujours le choix d’un vin de
digressions qui nous donnaient un instant l’illusion d’avoir
bénéficié d’un transvasement culturel mais, après décantation,
il nous en restait souvent peu de choses. Avec le temps, tu
avais néanmoins réussi à nous inculquer quelques rudiments
d’oenologie. Tu avais également investigué les produits
dérivés du vin, toujours en quête d’autres sensations olfactives
et gustatives. Manifestement, tu préférais le cognac à
l’armagnac et, quand tu as découvert le Louis XIII, tu es resté un
bon moment sans parler, déglutissant encore et encore la
première gorgée pour en exhaler toutes les saveurs, et tes yeux
écarquillés étaient figés par le plaisir.
A table, comme dans la vie, tu n’avais pas besoin de parler
pour t’exprimer. Tes petits yeux, pleins de malice, reflétaient
instantanément ta satisfaction, ton acquiescement, ton
étonnement, ton incrédulité, ton courroux. . . Tu avais le rire fac (...truncated)